La priorité est désormais à la sécurité, des proches de l’ancien président ont été arrêtés
Le gouvernement attendu, deux proches de l’ex président arrêtés
Le weekend du 15 janvier aura été un des plus longs en Tunisie, avec une série d’évènements importants. Dans la nuit de vendredi, on apprenait que Ben Ali au pouvoir depuis 23 ans avait quitté le pays pour une destination inconnue. Officiellement il se trouvait dans l’incapacité de poursuivre l’exercice de ses fonctions. Le premier ministre qui a annoncé la nouvelle s’est proposé de reprendre le pays en main, mais samedi dans la matinée, le parlement conformément à la constitution, a repris la main. Ce lundi 17 janvier 2011, la Tunisie pourrait se réveiller avec un nouveau gouvernement. Selon des sources médiatiques tunisiennes, les principaux mouvements politiques du pays auraient trouvé dimanche soir un accord en vue de la formation d’une nouvelle équipe gouvernementale. La composition définitive de ce cabinet d’union nationale doit être dévoilée ce jour même, a fait savoir dimanche soir le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi. Samedi, moins de deux heures après avoir prêté serment, le président par intérim, Fouad Mebazaa, 84 ans, avait chargé le Premier ministre Mohammed Ghannouchi de former un nouveau gouvernement d’unité nationale. Plusieurs partis d’opposition sont susceptibles d’en faire partie, à l’exception des partis islamistes. Toujours ce dimanche, le général Ali Sériati, ancien chef de la garde du président Ben Ali, a été arrêté, alors qu’il tentait de s’enfuir en Libye. Il a été placé sous mandat de dépôt après la présentation des chefs d’inculpation de complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre, a fait savoir des sources médiatiques présentes en Tunisie. Ces charges pèsent aussi sur plusieurs de ses collaborateurs et sur un des neveux de l’ex président. On les accuse globalement, d’avoir animé les pillages pour faire monter l’insécurité, et justifier le retour de Ben Ali.
A quoi joue la France?
Partout en Afrique, la révolte du peuple tunisien, aujourd’hui qualifiée de «révolution de Jasmin», anime de nombreux débats et des comparatifs sont faits avec la crise ivoirienne, dans lesquelles les populations semblent se dresser contre un allié de la France. La situation économique catastrophique pour une bonne partie de la société avait déjà fait dire à certains experts, que les risques d’implosion étaient trop grands. Cependant, la révolution ne s’est pas faite en deux semaines ou un mois comme le prétendent aujourd’hui de nombreux médias français notamment. Les récents mouvements de protestation qui ont agité la province minière de Gafsa constituent un puissant rappel du mécontentement sous-jacent. Le gouvernement a fondé sa légitimité sur sa capacité à assurer la croissance économique, mais un nombre croissant de Tunisiens trouvent que ceux qui occupent le sommet de l’échelle en gardent les bénéfices pour eux, faisait savoir le magazine Courrier International dans une de ses publications de l’année dernière. Le gouvernement tunisien était accusé, d’être de plus en plus éloigné des préoccupations de son peuple, et de ce fait, il n’aurait pas su anticiper la crise populaire. Appuyé par le soutien de la France, pendant des années, Ben Ali justifiait la répression par la nécessité de dresser un mur contre l’intégrisme religieux galopant.
On se rend pourtant compte aujourd’hui, que cet intégrisme ne s’est pas manifesté dans les récentes agitations. Dans la rue ce sont des jeunes qui exprimaient leur envie d’avancer et d’améliorer leurs conditions de vie. Une jeunesse organisée et hautement qualifiée. Face à la censure, plusieurs d’entre eux, ingénieurs polytechniciens, ont mis leur intelligence au service de la cause. Les systèmes d’informations par internet ont été constamment piratés pour permettre un accès de l’information à tous. Internet aura jouée un grand rôle dans cette révolution. Dans un communiqué qui a suivi la réunion de crise qui s’est tenu à l’Elysée, le président français fait savoir qu’il soutien le peuple de Tunisie dans sa recherche de la démocratie. Pourtant quelques semaines au paravent, Michelle Alliot Marie, la ministre française des affaires étrangères faisait savoir dans une de ses interventions au parlement, que l’expertise de la police française était disponible en cas de besoin, pour faire cesser les manifestations de jeunes en Tunisie.
