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Un fonds d’investissement en chantier au service de la diaspora camerounaise en Allemagne.

Expert certifié en finance, membre du comité de mise sur pied du CaDiDeC, Oumarou Sanda nous en parle... Qui est…

Expert certifié en finance, membre du comité de mise sur pied du CaDiDeC, Oumarou Sanda nous en parle…

Qui est Oumarou Sanda?
Un camerounais. J’ai fait mes études en Allemagne (Dortmund) et en France (Paris), je suis diplômé en Gestion (Mention Bien), et titulaire d’un double Master II en Finance et en Management de Projets (Mention Très Bien) et enfin je suis Consultant Certifié en Finance (USA). Je vis comme chercheur en Private Finance and Wealth Management en Allemagne. Je suis né à Banyo dans la région de l’Adamaoua. J’ai grandi à Yaoundé au quartier du Lac. J’ai fait ma scolarité à l’école du Camp Yéyap de Yaoundé avant de retourner faire une partie du secondaire à Ngaoundéré et j’ai eu le baccalauréat au lycée de Maroua en 1992. Après mon bac, je suis allée à l’université Yaoundé où je me suis inscrit en faculté des sciences économiques et sociales. J’ai quitté l’université en 2e année.

Vous arrivez à l’université à l’époque de la grève, des difficultés. Comment est-ce vous avez vécu tout ça?
J’étais très bouleversé puisque j’étais nouveau dans ce milieu académique et l’atmosphère qui y régnait était très difficile pour les nouveaux arrivants. Le pire est que rien ne s’arrangeait et l’idée de quitter le Cameroun arrive en ces moments-là.

Pourquoi avoir choisi l’Allemagne pour poursuivre vos études?
Parce qu’au départ j’avais des informations précises sur l’Allemagne. J’avais un frère qui avait étudié à Aix-la-Chapelle (Aachen) qui me parlait de temps en temps de ce pays européen économiquement puissant, où l’excellence et l’esprit du rendement jouaient et continuent à jouer un rôle principal, j’avais la possibilité d’observer et d’analyser tout ce qu’il faisait d’une part et d’autre part je prenais en considération les restes de la présence allemande à travers le Cameroun c’est-à-dire les réalisations (infrastructures) allemandes. J’étais impressionné par le sens suprême que ce peuple accorde à la discipline et à l’esprit du mérite, c’est d’ailleurs ces raisons qui m’ont poussé à aller en Allemagne pour poursuivre mes études. Ce, malgré l’handicap de la langue.

Et comment ça se passe quand on arrive dans un pays où on ne parle pas la langue?
Je vous dirai que cela n’a pas été facile. Non seulement la langue, qui en réalité, est un instrument fondamental de l’intégration mais aussi le nouvel environnement, la nouvelle culture étaient et demeurent des obstacles majeurs. En plus, il fallait combiner les jobs et les études et essayer d’avoir de bons résultats à la fin, résultats qui permettraient une bonne transition dans le milieu professionnel de demain. Il fallait travailler durement pour fortifier la base de sa présence sur ce sol étranger, en effet, non seulement apprendre la langue mais bien l’apprendre est, je dirai, une garantie pour une bonne évolution dans le futur (études & travail).

Parlez nous du CaDiDeC, le projet qui regroupe les ressortissants camerounais en Allemagne
Le CaDiDeC est le Cameroon Diaspora Development Club, fonds d’investissement que nous voulons mettre sur pied. L’idée est née après l’appel national de l’ambassadeur SE Jean Marc Mpay qui était l’invité de marque à Cologne lors du Challenge Camerounais en 2009. Pendant le Business Forum du dit Challenge, l’ambassadeur demandait donc aux compétences de la diaspora camerounaise en Allemagne de se mobiliser et de mettre sur pied une entité financière à même de rassembler du capital pour le simple et unique but de financement de projets au Cameroun. Donc le CaDiDeC est un concept, une structure de financement et d’investissement à travers les cotisations de ses propres membres.

Où en êtes-vous avec la mise en place du projet?
Le CaDiDeC comme toute nouvelle entreprise en gestation est confrontée à certaines difficultés, ceci ne veut pas dire que le CaDiDeC n’a pas décollé, mais que toute activité d’une grande importance comme celle-ci est a priori confrontée aux problèmes. En effet, il fallait premièrement convaincre les membres de la diaspora de l’importance de se mobiliser pour le développement de notre pays. Et deuxièmement, il y a ce problème d’intérêt subjectif qui est propre à tout regroupement humain, à toute entreprise. Lorsqu’on est un groupe d’individus, on a chacun ses intérêts particuliers. Il fallait donc canaliser ces intérêts disparates sur un projet unique, ce qui n’est pas toujours évident. Et enfin, il y a ce problème de structure, je veux dire de la forme juridique á donner à cette nouvelle entité en création; en effet, ici en Allemagne, l’agence BaFin du Ministère de Finance s’occupant de la validation et du contrôle des entreprises à caractère financier a exigé de nous d’apporter des modifications structurelles, pour ce qui est de la mise en place de cette entité, afin d’obtenir leur agrément.

Est-ce que vous avez reçu l’approbation des autres membres de la communauté de la diaspora?
Bien sûr. Nous avions à plusieurs reprises, ceci à l’invitation de SE l’Ambassadeur du Cameroun en Allemagne, Monsieur Jean Marc-Mpay, présenté le CaDiDeC à Berlin. Nous sommes aussi allés au sud de l’Allemagne lors de la tournée de SE l’ambassadeur faire connaître le même projet. Le CaDiDeC n’est pas le produit d’un groupe quelconque, c’est un produit qui se voudrait appartenir à toute la diaspora. Il ne saurait donc exister sans l’approbation de tous les membres de la diaspora ici en Allemagne et peut-être dans d’autres pays demain.

De quel soutien bénéficiez-vous aujourd’hui?
L’ambassadeur SE Monsieur Mpay, très actif, nous aide depuis le début de ce projet et est toujours à notre disposition avec des conseils et du soutien dans la limite de ses possibilités.
Permettez-moi, au nom du bureau exécutif du CaDiDeC et de la diaspora camerounaise en Allemagne, d’adresser ici à Monsieur Mpay et à toute l’équipe diplomatique, une pensée pleine de reconnaissance, inspirée par toute la bienveillance que son équipe diplomatique et lui ont manifesté à notre égard durant ce long processus de mise en place du CaDiDeC. Nous le remercions infiniment.

Oumarou Sanda
Journalducameroun.com)/n

Comment va fonctionner cette structure?
Le CaDiDeC est construit sur trois points essentiels: Dans un premier temps, nous parlerons du club d’investissement qui est l’instrument d’accumulation du capital, considéré comme la base de la structure. Ensuite, il existe une société anonyme qui va s’occuper de la gestion du club d’investissement. Et enfin, un organe d’investissement et de financement, instrument par lequel les projets se réaliseront. Notons ici qu’il s’agit de la structure originelle. Rappelons aussi que les normes et standards du BaFin exigent certaines restrictions: un maximum de membres adhérents fixé á 50 et un montant à accumuler n’excédant pas 500.000 Euros. Cependant, la diaspora camerounaise en Allemagne étant estimée à 14.000 étudiants et travailleurs, il était question de trouver un moyen de faire adhérer le maximum de potentiels investisseurs. C’est-à-dire de trouver un moyen légal nous permettant de gérer à notre faveur ces limitations (nombre de membres et montant à accumuler) en créant une société anonyme. Et le problème aujourd’hui, selon le BaFin, serait cette jonction entre le club d’investissement et la société anonyme. Ce problème structurel trouvera sa solution très bientôt dans la forme juridique dite e Genossenscaft/Cooperative d’Epargne et de Credit

Pour utiliser des mots simples, ce sera une banque?
Nous serons dans un premiers temps une sorte de caisse d’épargne, c’est-à-dire un organe de dépôt de capital, qui par la suite servira au financement de projets jugés fiables et rentables. Rappelons que l’objectif à long terme est bel et bien la création d’une banque d’investissement, instrument par excellence de l’investissement et du financement.

Donc ce sera une caisse où des camerounais qui vivent en Allemagne déposeront de l’argent que vous investirez?
Dans un premier temps, il faudrait mobiliser les gens autour du projet, avoir une adhésion massive des membres de la diaspora. Il est nécessaire de préciser que le projet CaDiDeC ne saurait exister sans ses membres. Pendant cette phase, on ne pourrait parler d’investissement. Mais c’est l’objectif principal, bref sa finalité.

Et c’est quoi le bénéfice pour ces gens de participer au CaDiDeC?
L’intérêt majeur, pour nous camerounais, c’est le développement de notre propre pays, ceci à travers la création d’emploi, la réduction du chômage et l’amélioration de la qualité de vie de nos familles. L’action CaDiDeC d’autre part ne saurait être considérée comme un acte caritatif. Les investisseurs auront une part dans le capital de l’entreprise. En d’autres termes, celui ou celle qui investirait un euro dans cette entreprise, attendra des dividendes parce que l’euro investi, lui rapportera automatiquement une part sociale dans celle-ci. Et le capital généré (ensemble de part sociale) pourra ensuite financer des projets au Cameroun.

Les diasporas sot différentes selon les pays. Selon vous, qu’est ce qui caractérise celle de l’Allemagne?
Je pense qu’il y a un esprit allemand qui existe effectivement, c’est un esprit de travail, de rendement, discipliné, qui planifie, ne laisse rien au hasard, pose un acte et se rassure des conséquences qui peuvent en découler. C’est vraiment une culture extraordinaire.

Que vous semblez apprécier?
Oui absolument et c’est pour cette raison que j’y suis resté longtemps et j’y suis encore. Et je remercie aussi le ciel de m’avoir aidé à connaître assez de personnes en Allemagne, des personnes disciplinées avec qui j’ai travaillé, des personnes qui m’ont aidé car vivre dans un pays qui n’est pas le sien n’est pas si évident. Un merci plus particulier à la fondation Friedrich-Naumann-Stiftung, fondation dans laquelle je fus boursier d’excellence. Au début je me croyais un peu perdu mais quand on apprend à connaître l’endroit, l’environnement dans lequel on vit, on n’est plus seul et c’est tout cela qui m’a aidé à devenir ce que je suis aujourd’hui.

Et comment faites vous pour continuer à parler aussi bien français?
J’essaye de temps à autre de lire les journaux, les informations sur le Cameroun. Et aussi communiquer en français avec quelques amis. Rappelons ici que mon séjour parisien (Master II) à l’ESC de Paris m’a aussi aidé dans ce sens.

Pour terminer, qu’est-ce que vous pensez des camerounais en Allemagne? On dit qu’ils sont très pragmatiques?
C’est la culture allemande que nous avions adoptée. Cette envie de résultat concrèt, de bien faire, de l’amélioration permanente et enfin cette discipline sans faille.etc


Cadidec.com)/n

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