Le lamido de Banyo a publié une tribune dans la presse pour s’insurger des accusations portées contre les élites du septentrion, soupçonnées de financer une rébellion armée
La polémique enfle après la réunion du 31 août dernier, à l’issue de laquelle des élites du département de la Lékié, dans la région du Centre, avaient publié une motion de soutien au chef de l’Etat. La dite motion de soutien accusait implicitement certaines personnalités du Septentrion d’êtres complices du mouvement armé Boko Haram dans la situation que vit la région de l’Extrême-Nord avec les incursions à répétition de cette secte. Après la sortie du président de l’Assemblée nationale le 04 septembre dernier, une élite de l’Adamaoua a décidé elle aussi de protester publiquement contre ces allégations dans une tribune publiée ce mardi dans le quotidien privé Mutations sous le titre: «Boko Haram : De la Responsabilité collective».
«Mais d’où viennent donc ces thèses du «complot ourdit par des élites du grand Nord contre le régime du président Biya?» ou encore celles sur la prétendue «complicité de certains barons du septentrion avec Boko Haram? Rapportées par certains «journaux» – à grands renforts d’arguments aussi tordus, qu’invraisemblables», s’indigne Sa Majesté Mohaman Gabdo Yahya, lamido de Banyo (l’un des trois arrondissements que compte le département du Mayo-Banyo), dans la région de l’Adamaoua. Ce dernier, qui dirige une localité située à 40km de l’une des frontières du Cameroun avec le Nigéria, n’hésite pas à comparer les auteurs de tels propos de «gourous en herbe».
«C’est vrai que lorsqu’on est loin du théâtre des opérations, comme c’est fort heureusement le cas pour l’immense majorité de nos concitoyens, l’on peut avoir une appréciation tronquée de la réalité», poursuit ce chef traditionnel, qui est par ailleurs membre du Sénat camerounais et membre titulaire du Comité Central du RDPC.
«La réalité, c’est qu’à Fotokol, Kolofata, Kousseri, Achigachia, Limani, Banki, Bargaram, Goulfey, Zina, Nguéthewé, Waza, Dabanga, Zigué-Ziguagué, et j’en oublie certainement, les attaques attribuées à tort ou à raison à Boko Haram, ne font pas de tri entre musulmans et chrétiens, entre ressortissants du grand Nord et du grand Sud», affirme cette élite.
« Quand on parle de secte, il me semble qu’il ne s’agit pas d’une religion particulière, mais d’une déviance, c’est-à-dire d’une parodie confessionnelle», soutient le lamido De Banyo qui invite à faire preuve de discernement avant de prêter ces «pulsions et fantasmes» à d’autres.
Patriotisme de nom
Selon ce chef traditionnel, il serait infondé de mettre en doute le loyalisme du septentrion envers le chef de l’Etat camerounais, d’après les dernières tendances de de l’élection présidentielle. «Ces régions que l’on accuse d’abriter une «rébellion armée», ont apporté au président Paul Biya, 45% des voix totalisées par le RDPC lors de l’élection présidentielle de 2011», assène-t-il.
Tous ces «gourous en herbe», proches du président de la République, n’auraient qu’un seul but, selon le chef traditionnel. «Leurs desseins ne sont plus un mystère, car tout le monde sait aujourd’hui qu’ils ne pensent qu’à une seule chose en se rasant le matin: succéder à Paul Biya.
«Notre contribution, l’effort de guerre collectif, c’est la préservation de l’unité nationale, socle de cette nation. C’est là, il me semble, notre principal atout face aux miliciens politiques qui nous assaillent», propose le membre titulaire du Comité central du RDPC.
«Nul ne peut se prévaloir d’un monopole de civisme ou de patriotisme, sinon qu’il prenne place aux côtés de nos vaillants soldats aux fronts», assène sa Majesté Mohaman Gabdo Yahya, pince-sans-rire.