Une nouvelle banque agricole bientôt opérationnelle au Cameroun

Dix ans après la liquidation du Crédit agricole, le projet parait ambitieux L'annonce a été faite par Jean Kuete le…

Dix ans après la liquidation du Crédit agricole, le projet parait ambitieux

L’annonce a été faite par Jean Kuete le ministre en charge de l’agriculture et du développement rural, à l’occasion d’une interview accordée à cameroon-tribune le quotidien officiel camerounais. Selon ses termes, le gouvernement envisage de soutenir le secteur agricole en renforçant le financement de l’agriculture par le développement de la micro-finance en cours qui sera elle aussi renforcée par le démarrage au mois de septembre prochain du Projet d’appui au développement de la micro-finance (Padmir), et surtout, la mise en place de la Banque agricole dont l’étude terminée au niveau du Minader, a été transmise au ministère des Finances pour la coordination de la poursuite du processus. La création d’une banque agricole qui constitue l’un des volets du développement durable, selon le ministre, fait de l’agriculture, un des secteurs où les investissements devraient être concentrés prioritairement, au même titre que les autres secteurs productifs à forte valeur ajoutée.

Ce projet n’est pas une nouveauté au Cameroun. Au début de son indépendance, des structures de promotion de l’agriculture et du développement du monde rural comme la SODECOTON, le FOGAPE, le FONADER et même le crédit Agricole existaient déjà. Ces initiatives vont disparaître progressivement laissant de nombreux paysans ruinés et un grand déficit public. Le gouvernement entre dans un secteur dominé par toutes les formes de micro finance, qui ont su apporter des réponses souples et utiles pour le développement du monde rural. A coté du projet de création d’une banque, le gouvernement a prévu en renfort un ensemble de formations relatives à la gestion agricole, comptable et même des imprégnations de base aux différentes techniques du secteur agro-pastoral. Sur ce domaine des formations les structures de micro finance ont une capacité beaucoup plus limitée.

D’autres problèmes limitent l’efficacité des micros finances dans le financement du développement des activités agropastorales et du monde rural. La micro finance en l’état actuel sert en grande partie dans le financement des petites productions. Par ailleurs, certains analystes pensent que des liens de complémentarité doivent exister entre ces structures et les banques commerciales. L’exemple du réseau CAMCCUL qui s’est doté d’une banque depuis 1998, la « Union Bank of Cameroon » est révélateur; d’un autre coté la BICEC assure le refinancement des Caisses villageoises.

Pour réussir, la banque agricole en projet au Cameroun devra tirer les leçons des échecs passés. Mais aussi et surtout le gouvernement doit pouvoir tirer avantage des expériences de certains pays d’Afrique de l’ouest ou les techniques d’assistance financière au monde rural sont très développées. Les experts s’accordent à dire que de façon générale, la banque agricole pour financer efficacement l’agriculture devra surtout développer un service d’assistance qui doit être envisagé dans trois directions: Le développement des infrastructures, la formation du personnel, et en troisième lieu le refinancement des établissements de micro finance opérant dans le même secteur.

Cette dernière démarche est plus que nécessaire pour les établissements de micro finance dont les moyens propres ne leur permettent pas toujours de financer tous les projets intéressants qui leur sont présentés et surtout, elle permettra à la nouvelle banque d’accorder des prêts aux paysans sur une plus grande échelle. Mais les véritables défis de la future banque seront celui relatifs à la souplesse des délais de remboursement, et celui relatif aux taux d’intérêts encore trop élevés pour permettre une intervention efficace.