Selon les médias locaux, les fréquences de diffusion varient à chaque production ponctuée de messages délivrés par deux voix, de psalmodies du Coran, des cris humains et de tirs
Les populations de la région de Tolkomari, une localité située dans l’Extrême Nord du Cameroun affirment recevoir des messages de propagande de Boko Haram par voie radiophonique. Selon certains médias locaux, le groupe terroriste occupe souvent la fréquence 96.8 Fm.
Robert Baikam, ancien technicien de diffusion à l’office de radiodiffusion et télévision national (Crtv), affirme que les djihadistes de Boko Haram ont été entendus sur plusieurs fréquences de modulation à la frontière avec le Nigéria.
Ce résident de Tolkomari a pu se faire sa propre expérience : «Ils sont passés successivement sur 103.4 Fm, 91 Fm, 106.1 Fm et 96.8 Fm en l’espace de 6 mois. Leur système de diffusion est très nébuleux. À chaque production qui dure environ 2 heures, ils se fondent sur une communication extensive, s’adressant à l’audience la plus large possible tant au Nigéria que dans les zones limitrophes. À chaque fois pour cet exercice, 2 speakers se mettent en valeur : leurs propos sont enrobés de psalmodies du Coran, de cris de personnes et de tirs».
D’autres personnes ont écouté la radio de Boko Haram. «Par hasard, je suis tombé sur cette station pour écouter les anashids (les chants musulmans). Mais je me rends compte que c’est la radio barbare que nous avions écoutée ici il y a un mois», affirme Belawa, un septuagénaire.
D’autres témoignages indiquent que la radio de Boko Haram émettait déjà au lendemain l’attaque du domicile du vice-Premier ministre du Cameroun, Amadou Ali, le 27 juillet 2014. «Quand ils ont attaqué le domicile d’Amadou Ali ici à Kolofata, ils ont pris les micros pour se féliciter de leur barbarie», se souvient Garba Hassoumou, un autre habitant.
Plusieurs fois, la radio a relayé les réactions des terroristes à la suite d’un point de presse du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. «Après l’interdiction du port du voile dans certaines localités de la région, ils ont promis la mort aux signataires d’une telle mesure. Maintenant, ils disent qu’ils ne sont pas affaiblis, contrairement à ce qu’on croit», affirme Larai, un commerçant.

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