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Une statue de la chefferie Bangwa dans la région Ouest du Cameroun vendue à Paris

L' uvre camerounaise à été adjugée à plus d'un million d'euros Une figure d'ancêtre royal masculin Bangwa dans l'Ouest du…

L’ uvre camerounaise à été adjugée à plus d’un million d’euros

Une figure d’ancêtre royal masculin Bangwa dans l’Ouest du Cameroun s’est vendue aux enchères à Paris à plus d’un million d’euros. L’ uvre selon les experts serait considéré comme le compagnon de la célèbre « Reine » Bangwa, aujourd’hui dans les collections du musée Dapper à Paris. Chez les Bangwa, ce sont des statues commémoratives. Bien souvent, elles rappellent aux vivants les honneurs à rendre aux défunts. Rare et importante, cette sculpture Bangwa représente un monarque assis sur son trône. Il dégage une certaine force avec la pliure accentué du tronc qui entraine un mouvement dynamique des épaules vers l’avant.

L’expression du visage est caractéristique de l’art local. Les deux parties du visage sont légèrement asymétriques. La bouche grande ouverte montre des dents triangulaires. La courbe du nez rend plus expressifs les grands yeux en amende et le front protubérant. Le cou est orné d’un collier de perles et de dents de léopards. D’autres accessoires ornent ses bras et ses chevilles et permettent, en général, de distinguer des personnes de haut rang. Si par leur spécificité, les parures peuvent marquer la différence des genres, il arrive parfois qu’un objet soit porté par les deux sexes, signe d’honneurs et symbole des Lefem : groupes de notables riches et puissants dans la chefferie des Bangwa.

Un art riche et inconnu
Adjugé au cours d’une vente d’art primitifs, le « Roi » était une uvre commandée par un souverain pour représenter un personnage spécifique. Réalisée par un sculpteur au talent incontesté, la statuette date du XIXème siècle. Elle a été acquise au Cameroun, entre 1898 et 1899, par Gustav Conrau, premier explorateur européen à pénétrer sur le territoire Bangwa. Grâce à un échange d’objet d’art en 1926, elle passe du monde muséal, au marché de l’art. Depuis lors sa valeur n’a cessé d’augmenter. Les uvres ainsi travaillées pour les notables de la « chefferie » Bangwa sont considérées comme les plus impressionnantes et expressives de « l’art tribal africain ».

Les arts premiers ont le vent en poupe ces derniers temps. L’art africain est particulièrement visé par les collectionneurs et autres pilleurs. La renommée de l’art Bangwa tient ainsi au fait que les uvres majeures représentent des sculptures commémoratives des rois des reines, des princes et princesses et des serviteurs, ainsi que des parents de jumeaux. Dans l’ensemble, ce sont des pièces rares comme les sont, le « Roi » ou la « Reine » Bangwa. Leur captation légale ou frauduleuse représente un chiffre annuel évalué à des milliards d’euros. Le phénomène va en s’accentuant et porte atteinte à une part de l’histoire des peuples. En effet, une fois sortis de leur contexte et séparés de l’ensemble auquel ils appartenaient, ces objets sont désincarnés, désacralisés et bien souvent disparaissent. Détourné de la mémoire et des yeux de leur ayants droits, la vie sociale s’en trouve désorganisée. Les commémorations sont réduites et parfois disparaissent.

Or malgré la prise de conscience récente, et la mise sur pieds des moyens de lutte contre « le détournement de la mémoire d’un continent », les pièces rares et restées dans des collections privées font grimper les enchères. A l’exemple de cette figure masculine d’ancêtre Bangwa (lot 130), vendue à Paris parmi d’autres uvres d’art primitifs africains. Cette sculpture royale, uvre liée aux arts de cour et patrimoine de l’humanité fait partie des chefs d’ uvre naissant libres et égaux. Il appartient donc aux Etats de prendre des mesures et de mettre en place des dispositifs et moyens de préservation et de conservation de cette mémoire. Cela commence par une certaine pédagogie du goût et de l’appréciation du patrimoine local.

Statue royale Bagwa
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