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Union Africaine: Aucun accord sur les Etats-Unis d’Afrique.

Le débat sur ce sujet cher au président Kadhafi a été éludé, une fin de sommet prévisible au regard des forces en présence.

Kadhafi dépité et déçu
Le débat sur les compétences supranationales de la future autorité de l’Union Africaine(UA)et la création de trois ministères à l’échelle du continent n’a pas eu lieu. Refus catégorique du président en exercice de l’Union, qui a refusé que le débat soit engagé. Le colonel Kadhafi, épaulé par le Tchad et le Mali, a tenté sans y parvenir de relancer le débat. C’est le Premier ministre éthiopien qui est monté au créneau pour répéter que l’Union africaine ne pouvait pas éternellement débattre de cette question, plus pour manifester son opposition face au tchadien Idriss Deby. Une situation qui risque de repousser pour au moins encore un an l’idée d’une institution des États-Unis d’Afrique renforcé. Le projet très défendu par le colonel Kadhafi se retrouve encore contesté dans sa forme par l’ensemble des pays anglophones, Afrique du sud et Nigéria en tête, qui ont été rejoints par l’Angola et l’ensemble des pays d’Afrique australe. Face à ces adversaires qui représentent au moins 40% du produit intérieur brut du continent, les alliés Tchadiens et Burkinabès de la Libye ne pouvaient pas faire le poids. Selon une information Reuters, le colonel Kadhafi énervé a quitté la séance plénière lundi après-midi. Il s’est installé sur les pelouses d’un jardin attenant. Protégé par ses gardes du corps, il a reçu en audience plusieurs chefs d’Etats qui sortaient de la plénière pour s’entretenir avec eux. Le guide Libyen a reconnu sa défaite avec une certaine amertume.Si j’avais su l’année dernière ce qu’était cette fonction de président de l’Union africaine, j’aurais refusé, a-t-il déclaré juste avant de passer le flambeau à son successeur.Cette position de président de l’Union africaine n’a pas beaucoup de sens à l’heure actuelle a-t-il ajouté.

Consensus sur les questions sécuritaires et somaliennes
Le véritable consensus trouvé lors de ce sommet s’est porté sur une question invitée surprise et sur la question d’Omar El Béchir, le président Soudanais poursuivi par la Cour Pénale Internationale pour crime de guerre et crime contre l’humanité au Darfour. Lors de l’ouverture du sommet de l’Union africaine, le 25 juillet peu avant midi, à Kampala, les discours ont insisté sur la nécessaire appropriation par l’Afrique de son avenir. Il faut refréner cette tendance croissante à vouloir se substituer aux Africains eux-mêmes pour décider de leur destin, a déclaré Jean Ping, faisant implicitement référence à la position africaine sur la justice pénale internationale et au référendum d’autodétermination au Sud-Soudan, prévu pour janvier 2011. Le sommet de l’Union appelle tous les Etats membres à ne pas coopérer avec la Cour pénale internationale (CPI) dans le cadre du mandat d’arrêt contre le président el-Béchir, peut-on lire dans le communiqué final. Le texte décide de rejeter aussi la demande de la CPI d’ouvrir un bureau de liaison à Addis Abeba, le siège de l’Union. Enfin, cette résolution appelle une nouvelle fois le Conseil de sécurité des Nations unies à suspendre les poursuites contre le général el-Béchir en vertu de l’article 16 du Statut de Rome. La question somalienne n’a pas manqué d’être longuement traitée par tous les intervenants à la cérémonie d’ouverture, dans une ville encore marquée par les attentats meurtriers du 11 juillet perpétrés par les Chaabab somaliens, soupçonnés d’être affiliés à Al-Qaïda. La déclaration de Kampala demande aussi l’interdiction du paiement des rançons dans les situations de prise d’otage. Une des priorités de la diplomatie algérienne qui estime que cet argent sert à financer les actions terroristes.

Leprésident Libyen ici en visite dans une école de Kampala, quitte le sommet déçu
Reuters/Bénédicte Desrus)/n

De nombreuses absences déplorées
Ce sommet de Kampala a été aussi marqué par l’absence de grands chefs d’Etats africains. Ce qui porte un autre voile de discrédit sur la valeur de la déclaration de Kampala. Parmi les absents,Paul Kagamé du Rwanda, Joseph Kabila du Congo Démocratique et Laurent Gbagbo de Côte d’ivoire, des pays très impliqués sur les questions sécuritaires. Autres absents,le président Hosni Moubarak d’Egypte,Zine El Abidine Ben Ali de Tunisie et Paul Biya du Cameroun. L’absence du président camerounais à ce sommet reste une surprise. Ces derniers temps, Paul Biya s’est inscrit au registre des dirigeants africains défendant l’idée d’une prise en compte plus importante de l’Afrique dans la gouvernance mondiale. A l’occasion de la conférence Africa 21 organisée pour le cinquantenaire des indépendances du Cameroun à Yaoundé, de nombreuses résolutions en faveur d’un nouveau départ de l’Afrique avaient été arrêtées. Résolutions reprises lors du sommet Afrique-France de Nice. Plusieurs fois appelé à prendre la parole au nom des autres chefs d’Etats africains lors de récentes rencontres internationales, Paul Biya par sa présence en Ouganda aurait donné l’occasion au Cameroun de mieux défendre l’adhésion des autres pays aux nombreux problèmes qui aujourd’hui unissent mais aussi divisent les pays africains.

Un dossier aussi passé sous silence, celui sur les changements climatiques. Avant le sommet de Copenhague, plusieurs Etats africains s’étaient retrouvés autour du président français Nicolas Sarkozy pour défendre l’idée d’une position commune. Mais depuis la fin du sommet, les dirigeants africains semblent ne plus se soucier de cette préoccupation climatique qui pourtant les concernent au premier rang .Les experts affirment que les conséquences des changements climatiques seront plus dramatiques pour les populations africaines.

Seulement une trentaine des chefs d’Etats sur les 53 que compte l’Afrique étaient à Kampala
Reuters/Bénédicte Desrus)/n


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