Union Africaine: Obiang Nguema, un président qui ne fait pas l’unanimité

Porté à la tête de l'organisation pour un an, les contestations se font déjà ressentir Le président de la Guinée…

Porté à la tête de l’organisation pour un an, les contestations se font déjà ressentir

Le président de la Guinée équatoriale, Theodoro Obiang Nguema Mbasogo, a pris lors du 16e sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé du 30 au 31 janvier 2011 à Addis-Abeba (Ethiopie), la présidence de l’Union africaine (UA). Il remplace ainsi, et pour un an, le président malawite, Bingu Wa Mutharika, sur le fauteuil rotatif. Après avoir accepté la présidence lors de l’ouverture de la 16ème session ordinaire de l’Assemblée de l’UA, M. Mbasogo a déclaré que les signes d’instabilité constatés dans plusieurs pays africains constituent une menace pour la paix, la stabilité et la promotion des valeurs essentielles pour la cohésion au sein des pays membres de l’UA. Il s’est référé au thème du sommet « Vers une plus grande unité et une intégration par le biais de valeurs partagées » et il a observé que l’Afrique avait élaboré différents instruments pour promouvoir ces valeurs partagées.

Theodoro Obiang Nguema, militaire de carrière, a pris le pouvoir par les armes en 1979 en renversant son oncle, le président Francisco Macias Nguema, qu’il fera fusiller. Il dirige depuis d’une main de fer la Guinée équatoriale, petit pays d’Afrique centrale d’un million d’habitants, mais troisième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne. «Le règne d’Obiang sur la Guinée Equatoriale se caractérise par un bilan désastreux en matière de violation des droits de l’homme et de corruption qui, de fait, incarnent l’exact opposé de ce que l’UA cherche à promouvoir sur le continent», estime Aloys Habimana, de l’organisation Human Rights Watch. L’accession de M.Obiang à la tête de l’UA enverrait «tout, sauf un signal positif», ajoute-t-il. Dans son rapport 2010, l’ONG Transparency International fait figurer la Guinée équatoriale à la 168e place sur 178 pays en matière de corruption. Selon le Sénat américain, le président Obiang et son entourage auraient détourné une part significative des revenus pétroliers du pays.

La présidence de l’Union africaine est confiée à tour de rôle, pour un an, à l’une des cinq sous-régions du continent et le Sommet de l’UA entérine normalement le choix de la sous-région. Après l’Afrique australe en 2010, c’est au tour de l’Afrique centrale de prendre cette présidence tournante. Le président en exercice n’a qu’un rôle limité sur la destinée du continent et les décisions majeures de l’organisation se prennent lors des deux sommets annuels par les chefs d’Etat et de gouvernement. «Je n’attache pas grande important à la présidence annuelle de l’UA (…) Pour moi, c’est un peu plus qu’un poste honorifique», juge Désiré Assogbavi, officier de liaison du groupement d’ONG Oxfam auprès de l’UA. Toutefois, d’autres analystes soulignent qu’en dépit du rôle largement symbolique du président de l’UA, ce dernier incarne l’Afrique pendant 12 mois. L’organisation en est parfaitement consciente, elle qui a écarté en 2007 la candidature du président soudanais, Omar El Bechir, en raison notamment de la guerre du Darfour. Pour Rueben Lisuka, directeur de Transparency International pour la Zambie, l’UA pâtit d’un manque cruel de dirigeants dûment élus. «Il y a une pénurie de dirigeants africains crédibles. Nous devons en finir avec le mode d’élection du président en exercice de l’UA et inventer un mécanisme différent, qui permette à l’Afrique de se choisir une figure positive», estime M.Lisuka.

Une organisation africaine de défense des droits de l’Homme a exprimé son indignation après la nomination du chef de l’Etat équato-guinéen. Le Rassemblement africain de défense des droits de l’Homme (RADDHO) a affirmé que le choix d’Obiang Nguema Mbasogo allait sérieusement porter atteinte à l’image du continent africain et que le débat prévu par l’UA sur les valeurs démocratiques allait manquer de crédibilité. La RADDHO a rappelé que l’UNESCO a été obligé de renoncer au prix offert par Obiang Nguema à cette organisation, surtout à cause de « la situation catastrophique des droits humains en Guinée équatoriale ».
Aussi le pays ne fait pas de la place ni à la liberté de presse, ni aux organisations de la Société civile.

Obiang Nguema Mbasogo ici à la tribune des nations unies
Liberation.fr)/n

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