Dans un livre sorti le 23 novembre, le Pape Benoît XVI estime que l’usage du préservatif, peut dans certains cas, se justifier
Les déclarations du Pape qui avaient choqué une partie de l’opinion publique mondiale en mars 2009 lors de son dernier voyage au Cameroun semblent bien loin. A l’époque, il avait affirmé que le problème du sida ne peut pas être réglé par la distribution de préservatifs et que au contraire, leur utilisation aggrave le problème. Aujourd’hui, quelques jours après la publication d’extraits du dernier livre de Benoît XVI dans lesquels il estime pour la première fois que l’usage du préservatif peut dans certains cas se justifier, le Vatican a clarifié la position du Pape le mardi 23 novembre, expliquant que le pape considère les préservatifs comme une forme acceptable de contraception pour tout le monde, les hommes, les femmes et les transsexuels. Dans les versions anglaises et allemandes de son livre, le Pape déclare que les préservatifs sont acceptables pour les hommes prostitués, qui sont de toute façon en position de commettre de nombreux pêchés. Mais la version italienne du livre utilise le féminin du mot prostitué. Un porte-parole du Vatican s’est alors renseigné auprès du Pape pour savoir si le journal avait fait une grosse erreur. Frederico Lombardi explique: J’ai demandé personnellement au Pape s’il y avait un problème sérieux et important avec le choix du masculin plutôt que du féminin. Il m’a dit que non. Le c ur du problème est de prendre ses responsabilités, de prendre en compte le risque pour la vie de la personne avec qui vous avez une relation, que vous soyez une femme, un homme ou un transsexuel.
Selon le Vatican, les déclarations du Pape ne représentent pas un changement dans les enseignements de l’Eglise sur la contraception qui reste interdite, mais le New York Times considère quand même qu’il s’agit d’une première réponse importante aux critiques qui considèrent depuis longtemps l’interdiction par l’Eglise des préservatifs comme une faute morale par rapport à la crise du sida. Catholiques libéraux et militants de la lutte contre le sida ont accueilli favorablement dimanche dernier des propos par lesquels Benoît XVI estime que l’usage du préservatif peut se justifier dans certains cas pour empêcher la transmission du sida. C’est une merveilleuse victoire du bon sens et de la raison, un grand pas vers la reconnaissance du rôle vital que peut jouer le préservatif dans la réduction de l’impact futur de la pandémie du sida, a déclaré Jon O’Brien, président de l’organisme américain Catholics for Choice. Les commentaires du Pape, extraits d’un livre d’entretiens qui a paru le mardi 24 novembre Lumière du monde – le Pape, l’Eglise et les signes des temps, sont d’une portée concrète limitée et ne modifient pas la condamnation de la contraception par l’Eglise. Mais ils n’en sont pas moins salués comme une percée. C’est un pas en avant significatif et positif du Vatican, selon Michel Disibé, directeur exécutif de l’Onusida. Cette initiative reconnaît qu’un comportement sexuel responsable et l’usage de préservatifs jouent des rôles importants dans la prévention du VIH.

Dans le livre Lumière du monde – le Pape, l’Eglise et les signes des temps, Benoît XVI indique aussi qu’il serait prêt à démissionner pour des raisons de santé et prend la défense de Pie XII, qui fut Pape durant la seconde guerre mondiale et que certains accusent d’avoir fermé les yeux sur l’Holocauste. Il confie que les scandales liés aux actes de pédophilie commis par des prêtres ont constitué un choc sans précédent, bien qu’il ait suivi ce dossier pendant des années. A ce sujet, il dit comprendre que certains puissent quitter l’Eglise en signe de protestation. Mais, dans le long entretien du Pape avec le journaliste catholique allemand Peter Seewald, c’est la partie relative aux préservatifs qui ouvre une brèche dans une politique vaticane naguère encore inflexible. Nous n’avons jamais entendu cela aussi clairement dans la bouche d’un pape, a déclaré le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, en soulignant toutefois qu’on aurait tort d’y voir une déclaration révolutionnaire. Selon Federico Lombardi, le pape apporte une contribution courageuse et originale au débat sur une sexualité responsable tout en insistant sur le fait que l’usage du préservatif ne correspond pas au plus haut degré de la morale.
