« L’année 2011 au Cameroun a été sanctionnée par une élection dont le processus n’aura pas été à la hauteur des espérances »
Il est coutumier en début d’année que l’on présente des v ux à l’adresse de son peuple lorsque l’on est un dirigeant et beaucoup d’entre eux ne dérogeront pas à la règle. Les uns feront le bilan de l’année qui vient de s’écouler, les autres se projetteront dans l’avenir immédiat en indiquant leurs objectifs. Mais dans ce méli mélo, une espèce se distinguera par des v ux pieux et/ou par des constats béats. Toutes choses que nos compatriotes connaissent depuis fort longtemps et n’ont plus besoin d’expertise ou d’exégètes d’une quelconque pensée pour décrypter la situation qui prévaut. L’année 2011 au Cameroun a été sanctionnée par une élection dont tout le monde reconnait que le processus l’ayant conduit n’aura pas été à la hauteur des espérances. L’action gouvernementale, malgré les feuilles de route avec des durées renouvelables, n’a point apporté de satisfaction aux attentes des camerounais. La société civile, les partis politiques qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition n’ont point exercé correctement leurs devoirs envers le peuple. Résultat des courses, très peu de Camerounais se sont inscrits sur les listes électorales et ont encore moins votés.
Vendredi 23 décembre 2011, à sa résidence de Ntarinkon, à l’occasion de la cérémonie de l’arbre de noël organisée en son honneur par la coordination du Social Democratic Front (Sdf) dans la région du Nord-Ouest, Ni John Fru Ndi, faisait le constat juste sur le peu d’engouement des Camerounais mais erroné et amer sur les responsabilités de l’inertie voire l’inaction ou la torpeur de nos concitoyens. «Dans d’autres pays, lorsque les élections sont truquées, les militants et sympathisants prennent les devants et réclament leur victoire. Ce n’est pas au chairman de le faire» Et d’ajouter «le chairman a pris le risque de signer et créer le parti politique (Sdf Ndlr) dans des circonstances que vous connaissez.» Et d’en appeler aux militants de faire preuve de responsabilité «si vous ne pouvez pas prendre vos responsabilités en main, cessez d’interpeller le chairman».
Comme pour rappeler à toute personne qui l’écoutait que «j’ai fait mon boulot, il vous revient de faire le vôtre». Il répondait ainsi à une préoccupation du coordinateur régional du Sdf dans le Nord-Ouest, le député Evaristus Njong qui s’indignait de la complainte de la population «d’être toujours fâchée et fatiguée de la longévité du leadership de Paul Biya au pouvoir». A en croire le leader du Sdf «je me souviens avoir dit aux militants pendant la campagne que j’attendrais les résultats des élections à partir de Yaoundé. Je vous ai convié à me suivre à Yaoundé parce que par le passé vous m’avez reproché que si j’étais à la capitale, cela ne se passerait pas ainsi. Cette fois-ci j’étais à Yaoundé et je n’ai vu personne», regrette John Fru Ndi. Quel constat d’impuissance ou tout simplement quel refus de reconnaître que l’on s’est trompé de stratégie, de méthodes? La baisse des fréquentations dans les églises serait-elle la faute des ouailles ou ne serait-elle pas du à l’incapacité des pasteurs à les y attirer par une liturgie adéquate? Un leader ou une opposition qui ne fait plus recette doit faire son introspection. On ne peut pas changer tous les joueurs d’une équipe qui ne gagne plus. Très souvent, ce sont les choix de l’entraineur qui sont remis en cause.
A ses côtés, nous avons les champions des sempiternelles ritournelles sur l’absence justifiée de liberté et de transparence du processus électoral, de la confiscation du pouvoir, de la discrimination dont ils ont été victimes et de la tricherie. Mais se sont-ils demandés un seul instant quelles étaient les préoccupations urgentes de nos compatriotes? Pensent-ils vraiment que leurs querelles de chapelles, parfois justifiées, permettent à la ménagère camerounaise de remplir son panier quotidien de victuailles à moindre coût, aux Camerounais d’échapper aux délestages et coupures d’eaux récurrents, de se soigner, de ne point être victimes d’accidents sur les axes dits lourds, oui lourds en tués? Vont-ils enfin comprendre que l’abstention des Camerounais aux dernières élections présidentielles peut s’interpréter comme «TOUT CE QUE VOUS FAITES LA, ON MANGE CA»?
Mais que faire lorsque le Président de la République, après avoir donné 45 jours aux membres du premier gouvernement de son septennat pour lui communiquer leurs feuilles de route respectifs, dit ceci dans son adresse aux Camerounais, «Mon autre priorité, vous le savez, est d’améliorer les conditions de vie de notre population qui ne sont pas toujours dignes d’un pays comme le nôtre. La relance de la croissance devrait nous donner sur ce plan des marges de man uvres plus importantes. Qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, du logement, de la sécurité sociale, de l’accès à l’électricité, à l’eau potable, soyez sûrs que les engagements que j’ai pris seront tenus dans toute la mesure du possible» ?

A cet agenda précis, nous devons, citoyens, société civile, partis politiques, opposer le notre
Le Cameroun est supposé entrer en chantier dès le 01 Janvier 2012 selon les promesses de campagne du Président de la République et afin d’éviter l’inertie dont tout le monde s’accorde à dire qu’elle constitue un des freins au changement des conditions de vie de nos concitoyens, nous devons tous exercer, de manière organisée et coordonnée, notre droit d’inventaire, de contrôle, de surveillance de l’action gouvernementale dans la réalisation de la «politique des grandes ambitions», mieux nous devons, après une critique constructive, faire des propositions alternatives crédibles, à même d’attirer à nouveau nos compatriotes dans les urnes. Faute de cela nous irons au mieux à Canossa pire cette démocratie dont certains se gargarisent ou d’autres revendiquent l’amélioration sans en donner un contenu précis et pratique, sera définitivement confisquer.
Tout au long de l’année 2011, l’opposition a eu des gestes républicains, certes avec des arrières pensées politiciennes pour certains de ses membres. Nous rappellerons l’audience accordée par le Président de la République à Ni John Fru Ndi à Bamenda durant la commémoration du cinquantenaire des armées. De la visite du Président au stand tenu par le même pendant le comice agricole d’Ebolowa ou bien de la participation de certains leaders de cette opposition tantôt à la fête de l’unité ou la réception ayant suivi la prestation de serment du Président de la République. Pourquoi l’opposition ne s’engouffrerait-elle pas dans ce « pacte républicain » qui ne dit pas son nom ou ne s’appuierait-elle pas, malgré les blocages constatés jusqu’à présent, sur la constitution, pour interpeller à l’Assemblée Nationale le PM sur la teneur de la feuille de route de chacun des membres du gouvernement? Nous ne pouvons plus laisser le gouvernement être juge et partie de son action, à travers des feuilles de route que chacun des membres aura rédigé puis par une auto évaluation sans courir le risque de finir par être légataire testamentaire d’ uvres ne correspondant pas à nos attentes. Rien et nous disons bien rien n’empêche notre opposition d’organiser chaque mois, une revue d’étape, au même titre que le F.M.I, de la mise en place de la «politique des grandes réalisations».
Des conventions thématiques ou sectorielles, organisées par elle ou la société civile, permettraient aux chefs des différents départements ministériels, au nom de ce pacte républicain, de nous indiquer l’état d’avancement de leurs chantiers, les difficultés rencontrées et peut-être d’intégrer les propositions émises ici et là. Mieux les descentes sur le terrain des membres de la société civile, de l’opposition sur ces chantiers, l’interpellation des responsables des sociétés en charge des dits chantiers seraient de nature à tordre le cou à cette inertie qui freine, entre autres, l’amélioration des conditions de vie de nos compatriotes. Chaque mois, à partir de Février 2012, sur chacune des préoccupations des Camerounais, évoquées d’ailleurs par le Président de la République, Paul Biya, dans son discours de v ux 2012, à la Nation, «Qu’il s’agisse de la santé, de l’éducation, du logement, de la sécurité sociale, de l’accès à l’électricité, à l’eau potable», auquel nous rajouterons l’emploi des jeunes, la sécurité, la justice, non seulement nous interpellerons nos dirigeants mais nous les évaluerons, mieux nous proposerons des pistes de solutions destinées à améliorer les conditions de vie de notre population.
