L’activité gagne du terrain dans la partie septentrionale du pays, de nombreux jeunes en font une activité
Dans les coins de rues, les trottoirs et les carrefours des principales villes de la partie septentrionale du pays, on respire une forte odeur de carburant. Le «zouazoua» comme on l’appelle ici, coule à flot et inonde tout le secteur des mototaxis et autres automobilistes. Mais à qui la faute? Sinon à la porosité des frontières avec le Nigéria qui reste le principal lieu de ravitaillement et au laxisme des autorités camerounaises dans la répression de la vente de ce carburant de contrebande qui fait perdre à l’Etat des sommes faramineuses. Ça et là, des jeunes sont installés avec devant eux des sacs dans lesquels sont entassés une dizaine de litres de carburant. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg, puisque la plus grande partie se trouve dans des cachettes de fortune. Il est alors question pour ces jeunes d’être mobiles et d’éviter les forces de l’ordre au cas où ils venaient à sévir. Malgré des actions sporadiques de répression, l’activité ici continue de vivre ses beaux jours.
Les prix sont moins chers, vous diront ses principaux consommateurs. Le «zouazoua» coûte 500 francs, pourtant quand tu vas à la station, c’est 600. Il y avait même une période où on nous a proposé du zouazoua dans les pompes déclare un mototaximan. Même si l’activité fait vivre certains jeunes, toujours est-il que vendeurs et acheteurs, tous ou presque restent unanimes quant à la mauvaise qualité du produit. Malgré les tissus et autres mouchoirs utilisés pour filtrer ce carburant, la qualité reste douteuse. Du côté des vendeurs, l’activité utilise beaucoup de jeunes sans emplois et nourrit son homme. Quand les motos consomment et que les voitures consomment aussi, je m’en sors. Moi je ne vends pas dans les bidons, je vends en détail dans les litres d’huile diamaor, un litre à 500 frs. Je vends environ 60 à 70 litres par jour déclare Hamidou, un jeune vendeur de 14 ans. Moi si je vends par exemple 40 000 francs par jour, je donne 30 000 à mon patron et je garde 10 000 francs. C’est comme ça que moi je travaille, déclare Yaouba, un autre vendeur. Heureusement comme le dit un adage populaire, que l’argent n’a pas d’odeur. Entre temps, l’activité gagne du terrain, et toute la ville sera bientôt sous son emprise si ce n’est pas encore le cas.
