Le coach allemand de 66 ans a réussi le pari, avec une équipe rajeunie, de qualifier le Cameroun pour la Can avant terme. Prochain cap: Les pelouses de la Guinée équatoriale
En tenant les Ivoiriens en échec 0-0 à Abidjan mercredi dernier, les Camerounais ont terminé les éliminatoires de la Can 2015 sans défaite. Cette invincibilité est le travail d’un groupe et surtout de son sélectionneur, Volker Finke. Après la déculottée du Cameroun au Mondial brésilien, il a su, en peu de temps, insuffler une nouvelle dynamique. Il a d’abord réussi une bataille psychologique. Le technicien allemand, avec le concours des autorités camerounaises, a poussé à la retraite les joueurs à l’égo surdimensionné : Samuel Eto’o, Achille Webo et Jean II Makoun. Dans la foulée, lors de ses sorties médiatiques, les mots qui sont les plus revenus sont: discipline, rigueur et travail. Une devise qu’il applique à la lettre.
Sur le strict plan sportif, à l’entame des éliminatoires de la Can 2015, l’on a perçu, dès la première liste des joueurs convoqués, un gros vent de rajeunissement. C’est ainsi que la bande à Clinton Njié, Gérôme Guihota, Fabrice Ondoa, Oyongo Bitolo et bien d’autres ont fêté leurs premières sélections en équipe fanion. Mieux, en déplacement à Lubumbashi, pour le début des éliminatoires, Finke a fait preuve d’intelligence tactique. Dans une équipe du Cameroun, pauvre depuis un certains temps de milieu créatif, il a repositionné Choupo-Moting comme meneur de jeu. C’est en appliquant toutes ces recettes que les bons résultats se sont faits ressentir. Le Cameroun a, avec manière, survolé la campagne des éliminatoires de la Can 2015: quatre victoires, deux nuls, neuf buts marqués, contre un seul encaissé. Preuve palpable que Finke a su solidifier sa défense tout en rendant prolifique son attaque.
Du coup, les méthodes du sélectionneur, qui étaient tant décriées avant et pendant le Mondial brésilien, font désormais presque l’unanimité. Très critiqué pendant un certain temps, le Cameroun souffrait d’un mal dont on n’imaginait pas une panacée à même de le soigner. En dépit de tout, Volker Finke, dont le contrat avec la Fecafoot court jusqu’en juillet 2015, a bénéficié contre toute attente d’une nouvelle confiance des autorités sportives camerounaises. En manque de moyens pour indemniser le technicien allemand, les autorités en charge du football camerounais, habituées à installer l’instabilité chronique sur le banc des Lions, a fait le choix judicieux de maintenir Finke.
Même le très volubile Roger Milla, très sceptique à l’égard de Finke à son arrivée, salue aujourd’hui le travail du patron technique des Lions. Mais l’ex-gloire estime néanmoins que les Lions gagneraient à se renforcer, en y intégrant quelques talentueux binationaux. Sur le cas de ces Camerounais à la double nationalité établie, Finke se montre toujours prudent: «Il faut attendre un peu, s’il vous plaît, parce qu’au cours des quatre dernières années, la réputation des Lions n’a pas été bonne. Tous ces jeunes-là sont au courant de tout ce qui se passe ici dans la tanière. Et il faut les convaincre. En 2010, on était 11ème au classement Fifa et c’était facile de convaincre les joueurs. Avant la dernière Coupe du Monde, on était 53ème à ce classement. Moi, j’ai commencé au moment où le Cameroun était 71ème au classement Fifa. Ce n’est pas facile de convaincre ces jeunes joueurs de se décider pour le Cameroun. Ils ont grandi là-bas en Europe, ils sont formés là-bas, ils y sont éduqués».
Si l’on peut comprendre l’attitude Finke, il lui revient, en chef d’orchestre, de convaincre ces dignes fils du Cameroun et faciliter leurs intégrations. Il doit, après la victoire psychologique, tactique et sportive, réussir la révolution sociologique chez les Lions. Puisque l’entente entre des joueurs issus des milieux culturels différents demeure un véritable problème dans la tanière. Qui ne se souvient pas du coup de boule d’Assou Ekotto asséné à Benjamin Moukandjo, en match de Coupe du monde ?
Dans le circuit depuis 1975, le sélectionneur allemand des Lions indomptables aime bien rester longtemps dans les clubs où il exerce, ce qui est une très bonne chose pour le Cameroun, qui le lui rend bien. Volker Finke est donc avant tout un entraîneur expérimenté et loyal. Sa passion du banc date de 1975, soit presque 40 ans de carrière ! Nommé à la tête des Lions le 22 mai 2013, il a désormais, aux yeux des très exigeants supporters des Lions, la mission de coller une cinquième étoile sur le maillot du Cameroun.