Le sélectionneur du Cameroun n’a pas trouvé la stratégie ainsi que la tactique adéquates pour créer la performance attendue par les supporters des Lions
Tout part de la composition de son équipe. «Le poisson pourrit toujours un peu par la tête ». On peut légitimement se poser des questions sur la façon dont Volker Finke a lui-même abordé cette rencontre face au Mexique. Une composition d’équipe inédite, expérimentale, en contradiction avec la confiance affichée par exemple à Joël Matip en charnière centrale pendant les matches de préparation. Une petite révolution que l’on n’avait pas senti venir, les joueurs non plus, qui a forcément déstabilisé ce groupe, qui pour certains, (Itandje, Moukandjo et surtout Djeugoué) découvraient le très haut niveau international avec les Lions. L’inexpérience du latéral de Coton sport, c’est excusable, mais le manque de caractère (Chedjou), ça l’est beaucoup moins. Dominé ces derniers temps dans les airs, comme au sol, sur les phases de jeu défensif, l’on pensait avoir trouvé en Joël Matip, le complément idéal de Nicolas Nkoulou dans l’axe. Volker Finke a fait le choix de titulariser, un joueur convalescent et peu rugueux sur l’homme, d’où les nombreux boulevards dans l’axe, qui ont notamment conduit au but Mexicain.
C’est vrai que l’on a senti un groupe appliqué mais tout juste, sans aucune âme, sans émotion, sans révolte avec la confirmation qu’il n’existe plus de leader technique dans le groupe Cameroun. On gagnerait à utiliser Samuel Eto’o en joker. A la fin de la rencontre, le capitaine des Lions et ses partenaires affirmaient avoir été battus tactiquement, au milieu de terrain, par les Mexicains. Mais tous les «Lions» l’assurent : ils ne sont pas abattus et peuvent encore se qualifier en huitièmes de finale. Face à une équipe mexicaine, très mobile, les Lions ont souffert pour conquérir les ballons, notamment dans l’entrejeu.
Si aucun joueur ne critique ouvertement Volker Finke, le sélectionneur, ses choix sont implicitement remis en cause. « On a préparé ce match comme celui face à l’Allemagne (avant le Mondial, Ndlr), a regretté Samuel Eto’o. Mais, en face de nous, on avait un autre système de jeu, avec une équipe qui jouait en 3-5-2. Ça nous a compliqué la tâche. » En conférence de presse, le tacticien allemand a admis des failles : « Je crois qu’on a surtout connu des difficultés pendant les 20 premières minutes. Pas tellement sur les côtés, mais plutôt dans l’axe du milieu de terrain. Mais, en deuxième mi-temps, c’était mieux. » Mais en fin de partie, le technicien allemand, qui découvre lui-même le haut niveau international, a continué dans ses errements tactiques. L’entrée du très peu technique Achille Webo a été contre-productif pour les Lions. Pour une équipe qui était en manque de percussion, l’apport des joueurs comme Olinga ou surtout Salli aurait été plus judicieux.
L’heure n’était toutefois pas encore aux règlements de compte, mais à la remobilisation. « Dire qu’on a compromis nos chances de qualification, ça reviendrait à accepter de plier nos bagages dès maintenant », lance le défenseur Aurélien Chedjou. « On a perdu notre joker, donc il faut gagner le prochain match », souligne Stéphane Mbia. Contre la très technique et physique équipe Croate, qui connaitra le retour de Mario Mandzukic, l’avant-centre du Bayern Munich, suspendu face au Brésil, le Cameroun sera face à une autre opposition de style. A Volker Finke de se montrer à la hauteur.
