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«White Material», le retour au pays natal de la réalisatrice Claire Denis

Le film tourné au Cameroun sort en salle ce mercredi. Il raconte l'histoire d'une femme qui se bat pour sauver…

Le film tourné au Cameroun sort en salle ce mercredi. Il raconte l’histoire d’une femme qui se bat pour sauver sa plantation de café alors que la guerre se prépare

Le film de la réalisatrice Claire Denis met en scène une femme blanche, Maria Vial (Isabelle Huppert), une Française amoureuse de sa terre africaine. Alors que la guerre civile se prépare et que ses compatriotes s’en vont, elle refuse d’abandonner sa plantation de café. L’histoire se déroule dans un pays africain indéterminé, à une époque récente. Un conflit se prépare entre le mouvement rebelle des « Patriotes » et les forces gouvernementales. Tout le monde est à cran. Même les ouvriers agricoles s’enfuient. La dame, entêtée veille au grain malgré les difficultés et ne quittera pas sa terre. Son mari désespéré (Christophe Lambert) a du mal à la convaincre que c’est dangereux de rester là. Ce d’autant plus que le chef des rebelles (Isaach de Bankolé) a trouvé refuge dans la plantation.

Adapté du livre de Doris Lessing, «Vaincue par la brousse», paru en 1950, le scénario a été écrit avec le concours de l’écrivaine Marie Ndiaye, Prix Goncourt 2009 pour «Trois femmes puissantes». D’où le regard très porté sur l’héroïne du livre. Les scènes du film ont été tournées au Cameroun où la réalisatrice a passé son enfance et grandi. Les paysages, les odeurs, les sons, et atmosphère lui sont familiers. Elle connaît les hommes et l’environnement. Elle connaît aussi les plantations qui l’ont inspirée. C’est avec Marie Ndiaye qu’elle décide finalement d’arrêter son choix sur les plantations de café arabica dans la région de l’Ouest Cameroun. Elles sont beaucoup plus belles que celles du robusta, qui pousse en plein soleil, alors que l’arabica a besoin d’ombre et d’eau, il doit être lavé a-t-elle déclaré.

Malgré la guerre portée à l’écran, les enfants soldats, la violence, les luttes ethniques, retracés dans le film, Claire Denis refuse d’avoir de la compassion pour cette Afrique qu’elle porte dans son c ur. Elle tient à ses racines comme l’héroïne tient à sa récolte et à sa terre. Si j’étais agricultrice et j’avais une récolte, s’il fallait faire vivre ma famille (…) j’échapperais à cette éternelle vision compassionnelle de l’Afrique a confié à l’AFP, la réalisatrice âgée de 61 ans. Cette fois-ci la matière première en conflit, ce n’est pas le pétrole ou le diamant, mais le café. Le café arabica, l’un des meilleurs au monde. C’était plus facile pour moi de me mettre à la place de quelqu’un qui a du café, parce que le café c’est beau, ça ne spolie pas la terre (…) plutôt qu’à celle de quelqu’un qui a une concession de pétrole et ne partage pas ses bénéfices, explique-t-elle.

Le film sort sur les écrans de France métropolitaine ce mercredi 24 mars. Il était en compétition à la 66ème Mostra de Venise en septembre 2009, ainsi que l’autre film de la réalisatrice «35 Rhums» présenté hors compétition. «White Material» est le deuxième film que Claire Denis tourne au Cameroun, après «Chocolat» sorti en 1988. Il y aussi a son actif «Man no Run», un documentaire sur la tournée en France du groupe camerounais, Les Têtes Brûlées. Auteur d’ uvres marquées par les thèmes du racisme et de la violence, Claire Denis a notamment réalisé entre autre «US go home» (1994), «Nénette et Boni» (1996) ou encore un film sur la Légion intitulé «Beau travail» (1999).

Calire Denis (chemise noire) et une partie des acteurs du film à la Mostra de Venise
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